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De la guerre mondiale des puces à un conflit armé majeur ?

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De la visite à Taiwan de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, suivie deux semaines plus tard par l’arrivée inattendue du sénateur Edward J. Markey à la tête d’une délégation du Congrès américain, les observateurs ont surtout retenu les contacts avec les officiels taiwanais. Mais plus importante et tout aussi stratégique a été l’entrevue entre Nancy Pelosi et Mark Liu, président de TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Corporation), le plus grand fabricant de puces au monde. Cette rencontre a eu lieu le 29 juillet, quelques heures après l’adoption par le Congrès, sur la recommandation pressante de Joe Biden, du Chips and Science Act : 52 milliards de dollars US de subventions pour de nouvelles usines de puces sur le sol américain et 24 milliards d’allègements fiscaux. Or, TSMC construit une usine de puces en Arizona qui devrait être achevée fin 2023 et envisage déjà d’autres usines sur le même site.

L’échange entre Nancy Pelosi et Mark Liu souligne le poids technologique démesuré de l’île dans l’économie mondiale. Nul doute que cette entrevue fait suite à une concertation confidentielle entre Nancy Pelosi et Joe Biden, pour renforcer la maîtrise de l’industrie américaine sur des composants indispensables. Et le 15 août, Edward J. Markey étudiait avec des responsables de TSMC « des partenariats possibles ». C’est que la bataille industrielle des entreprises appuyées par leurs gouvernements fait rage aux États-Unis, en Asie et en Europe, pour le contrôle des technologies qui détermineront notamment le leadership sur l’Internet du futur.

Pénurie mondiale jusqu’en 2024

Le monde numérisé a de plus en plus besoin de semi-conducteurs mais peine depuis plusieurs années à s’approvisionner. La crise de la Covid a accru une pénurie devenue aiguë, perturbant des productions industrielles et accentuant la forte inflation actuelle. Pat Gelsinger, PDG d’Intel, ne prévoit pas d’amélioration avant 2024. La guerre en Ukraine a aggravé la situation, réduisant les exportations russes et ukrainiennes de krypton et de néon. Plus de la moitié des 540 tonnes de néon utilisées l’an dernier pour la lithographie des composants provenait de quelques usines ukrainiennes, aujourd’hui arrêtées, Ingas, à Marioupol, Cryoin et Iceblick à Odessa.

Le monde en dépendance de TSMC

Fin 2021, quatre sociétés détenaient 57 % de la capacité de production de semi-conducteurs : le sud-coréen Samsung (17 %), le taiwanais...

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