Au travers de l’étude de trois coopératives en Belgique, en France et en Italie, cet article étudie la spécificité et les évolutions de l’action collective qu’elles constituent pour les travailleurs indépendants appelés « I-pros ». Cette catégorie de travailleurs regroupe l’ensemble des indépendants exerçant une activité intellectuelle ou de service dans le domaine de l’art ou de la culture. Du fait de leur qualification, ils se distinguent de la catégorie de travailleurs indépendants appelé crowdworkers, ayant les plates-formes numériques pour donneurs d’ordres et exerçant un travail à la tâche sans qualification requise. Cependant, les uns comme les autres dépendent de leurs donneurs d’ordres, sans bénéficier pour autant de la protection sociale des salariés. De ce fait, leur statut constitue une zone grise entre professions libérales et salariat, avec pour corollaire une précarité qui se caractérise par un travail irrégulier, de bas revenus, et une faible protection sociale.
Quel que soit le pays, le cadre juridique des travailleurs indépendants se définit en opposition au statut de salarié, par l’absence supposée de lien d...