L’antidémocratie serait-elle un nouveau concept de science politique, après la démocratie « illibérale », la « démocrature » ou le régime hybride ? Non, prévient Hamit Bozarslan en liminaire. Il s’agit plutôt d’un vocable pour qualifier trois régimes comparables, dont l’analyse éclaire sur les conditions de leur existence et donc de leur viabilité.
De fait, si l’« erdoganisme » turc, le « poutinisme » russe et le « velayetisme » iranien partagent certains traits d’autres régimes illibéraux, ils s’en distinguent par leur aversion commune et ontologique pour l’Occident qu’ils perçoivent comme l’incarnation du mal et auquel ils opposent une « réponse nationale, anti-universaliste, virile et guerrière ».
Comment et pourquoi des idéologies similaires ont-elles pu émerger dans ces trois pays ? Quelles en sont les principales caractéristiques et les mécaniques de fonctionnement ? Hamit Bozarslan, historien et politologue, spécialiste du Moyen-Orient et originaire de Turquie, répond à ces questions avec méthode et rigueur, en prenant soin d’étayer son discours par des références historiques, des faits d’actualité ou encore des propos puisés dans les discours officiels.
Après des processus d’occidentalisation comparables au XIXe siècle, les trois pays entrent dans le XXe siècle par des processus révoluti...