Les 31 mars et 1er avril 2022 s’est tenue à Futuribles la formation « Futurs de villes. Les villes et leurs acteurs au défi des transitions » (présentée en encadré en fin d’article), pendant laquelle sept intervenants ont délivré quelques clefs de compréhension d’un monde urbain qui change très vite. Parmi eux, Armelle Choplin, professeur à l’université de Genève, a présenté les effets de la mondialisation sur les villes du Sud.
Entre Accra, capitale du Ghana, et Lagos, capitale du Nigeria située à quelques centaines de kilomètres à l’est, se concentrent plus de 30 millions d’habitants, probablement le double à l’horizon 2050. Cette portion du littoral du golfe de Guinée, comme beaucoup d’autres villes africaines, connaît une croissance démographique aussi importante que mal appréhendée par les modèles occidentaux. Cette extension extrêmement rapide est en grande partie informelle et non maîtrisée, mais ne revêt pas pour autant la forme de bidonvilles. Au contraire, elle prend la forme d’une « urbanisation sans ville » : « les formes urbaines sont là, mais pas forcément les attributs de la ville ». Les paysages sont ceux de l’inachevé, avec une partie significative qui se construit en dur, c’est-à-dire en parpaings et ciment – ce matériau est omniprésent, parce qu’il est vu comme une forme d’épargne, et qu’il symbolise la modernité et la réussite...