Trois principaux arguments sont invoqués par les partisans du revenu minimum :
– le premier repose sur “l’efficacité productive de nos sociétés” qui dépend non seulement de nos apports en capital et en travail, mais aussi du legs de l’histoire dont nous serions les “usufruitiers indivis” :
– le second repose sur le principe d’équité qui devrait présider au partage en valeur monétaire des ressources rares que sont le travail et les ressources naturelles ;
– le troisième vise, en assurant à chacun un matelas de sécurité, à s’affranchir d’une législation sociale qui serait trop contraignante et, du même coup, ferait obstacle à la création d’emplois.
Mais Denis Clerc montre que ces arguments résistent difficilement à l’analyse, soit que le patrimoine soit impossible à évaluer, soit qu’il soit préférable de le répartir en nature, à moins évidemment que ledit partage (en particulier celui de l’emploi) soit impossible à réaliser de manière équitable, ce qui justifierait peut-être le troisième motif néanmoins socialement inacceptable, puisque la mesure adoptée ne ferait que renforcer le dualisme social.
En bref, l’idée d’instaurer une allocation universelle serait, selon D. Clerc, au mieux naïve, sinon perverse, puisque le revenu minimum serait une alternative au travail, qui est non seulement un source de revenu, mais aussi un essentiel instrument d’insertion sociale.
Revenu minimum : des propositions contestables
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 184, fév. 1994