Le phénomène déflationniste, souligne l’auteur, n’est guère observable par les macro-économistes qui s’obstinent à raisonner sur la production en volume et ne se rendent donc pas compte de l’ampleur de la baisse des prix des produits industriels qui, résultant de la mondialisation des échanges, constitue une tendance lourde de manière à conduire à un bouleversement du marché mondial.
La riposte au niveau micro-économique, indique Albert Merlin, consiste pour les entreprises à privilégier les investissements de productivité et à recentrer leurs activités sur les produits à haute valeur ajoutée mais cette stratégie entraîne une redistribution progressive des cartes aux plans sectoriel et géographique.
Au plan sectoriel, cela se traduit par un développement du tertiaire et des industries les plus avancées au détriment des industries de base qui risquent de se trouver de plus en plus menacées. Au plan géographique, cela se traduit par une guerre des prix que les macro-économistes n’apprécient sans doute pas à sa juste dimension et dont ils ne tirent pas toutes les conséquences qu’il conviendrait dans leurs prévisions.
Mettant en cause la validité des analyses et, a fortiori, des prévisions, des échanges mondiaux appréhendés seulement en volume, Albert Merlin plaide ici pour une prise en compte des phénomènes en valeur – bref pour une prospective des prix – qui seule serait de nature à rendre compte des données essentielles à une juste appréciation des évolutions en cours et prévisibles.
Cet article révèle une fois de plus combien la vision des phénomènes peut différer suivant les indicateurs, mais aussi combien la micro et la macro-économie sont hélas éloignées l’une de l’autre.
Pour une " prospective " des prix
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 179, sept. 1993