Dans cet article, A. Postel-Vinay montre à quel point la politique française à l’égard des pays “en développement” est mal orientée. Il critique spécialement les financements que nous distribuons, d’une manière massive, pour obtenir, dans ces pays, des marchés d’équipement ou de travaux civils ou militaires. Il estime que ces opérations (très largement faussées par l’affairisme et la corruption) sont, dans l’ensemble, aussi nocives pour la France que pour les pays où elles se réalisent. Les opérations de même type des autres pays riches appellent des critiques analogues.
L’aide publique française n’est pas aussi pervertie que ses financements d’exportation, mais elle souffre elle-même, selon l’auteur, “d’un fâcheux mélange d’affairisme, de routine et de complaisances malsaines. Il faudrait l’arracher à ces vices et l’orienter de telle sorte qu’elle ait quelque chance de réduire les grands périls qui menacent à la fois les pays en développent les plus proches et nous-mêmes”.
Ayant ainsi dressé un réquisitoire sans complaisance à l’encontre des pratiques actuellement développées en complicité entre les dirigeants du nord et ceux du sud, l’auteur plaide pour une transformation profonde de la politique occidentale à l’égard des pays en développement qui passerait par un certain nombre de mesures radicales telles que la réduction inconditionnelle des dettes de tous les pays en développement surendettés, l’abandon du dogme du libre-échangisme et l’instauration de véritables politiques bilatérales et multilatérales de lutte contre la misère.
Nord-Sud : pour une nouvelle politique de développement
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 172, jan. 1993