Leader en de nombreux domaines, le Japon est aussi le pays où la durée de travail est la plus longue, en dépit de la réduction amorcée depuis 1960 et surtout de l’énergique politique adoptée en… 1989.
Yasuyuki Hippo montre que l’attitude face au travail est sensiblement différente suivant les générations et que les jeunes en particulier ne partagent pas le culte que portaient leurs pères à la vie professionnelle au détriment de toute recherche d’épanouissement personnel.
L’éthique extrêmement rigoureuse du travail n’en reste pas moins très vivante, à la fois parce qu’elle est profondément ancrée dans la culture nippone et parce qu’elle répond aux nécessités d’une économie qui se veut avant tout performante.
Le résultat est que la durée du travail sur la journée, la semaine, l’année, l’existence, n’a guère diminué. Le gouvernement a officiellement fixé pour objectif de la réduire à 1800 heures par an en 1992 et adopté une série de mesures visant, par exemple, à développer la semaine de cinq jours et à augmenter les congés payés.
La mise en oeuvre de ces dispositions rencontre d’importants obstacles du côté des entreprises comme des travailleurs dont le mot d’ordre, lors des négociations de printemps, était encore de réclamer de l’argent plutôt que du temps libre.
Au-delà même de ce qu’il nous rapporte des tendances en matière de réduction du temps de travail, l’article de Y. Hippo décrit de manière remarquable le fonctionnement de la société japonaise, mettant au passage en évidence tout ce qui la distingue aujourd’hui si fondamentalement des sociétés européennes.
Japon : la réduction du temps de travail. Une révolution culturelle inachevée
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 165, mai 1992