Si le Japon se distingue nettement de l’Europe par la durée plus longue du travail, encore affiche-t-il l’intention de la réduire. Toute différente est la situation observée aux États-Unis où, après une réduction jusqu’en 1980, un allongement sensible de la durée du travail est intervenue tout au long des années 1980 sans augmentation corrélative, mais plutôt avec une réduction des rémunérations…
Comme partout, par contre, on assiste à un ” assouplissement ” du temps de travail, en fait à une flexibilité des formes d’organisation et des horaires, mais celle-ci est ici essentiellement dictée par les exigences de la production.
Après avoir rendu compte des évolutions observées en termes de durée, de nature et de mode d’organisation du temps de travail aux États-Unis, Sam Rosenberg montre comment, en l’absence presque totale de dispositions gouvernementales, les négociations se sont déroulées durant la décennie 1980 menées principalement par les employeurs à l’encontre des syndicats cédant le plus souvent sous la contrainte de la récession.
Les scénarios qu’esquisse l’auteur pour l’avenir peuvent eux-mêmes paraître paradoxaux puisque, pour l’essentiel, ils reposent sur deux hypothèses concernant l’évolution de la main-d’oeuvre : viendrait-elle à manquer, les employeurs devront offrir des emplois plus attrayants ; serait-elle abondante, les employeurs en profiteront pour allonger les horaires et peut-être réduire les rémunérations…
Nous sommes loin des idées régnant en Europe sur le partage de l’emploi. Il est vrai que la situation économique et les relations professionnelles y sont différentes ; les gains de productivité guère évoqués.
L'allongement du temps de travail aux États-Unis
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 165, mai 1992