L’établissement d’un revenu minimum a régulièrement été suggéré afin de remédier à la complexité croissante et à l’inégalité des prestations sociales, d’introduire plus de souplesse dans le système économique et social, tout en assurant à chacun le minimum vital indispensable. Mais cette idée a rarement été débattue à fond.
Au moment où l’économie de marché et l’État-providence sont en proie à une crise qui à l’évidence, appelle une réorganisation fondamentale de nos systèmes économiques et sociaux, peut-être n’est-il pas inutile de soulever à nouveau la question. C’est dans cet esprit que nous publions ici de larges extraits de l’étude réalisée par Keith Roberts pour le Centre européen Travail et Société.
Keith Roberts propose un nouveau modèle d’économie de marché, fondé sur l’idée que la production et la consommation ne peuvent pas croître indéfiniment, mais qu’un accroissement sensible de la productivité est non seulement possible mais probable, eu égard notamment à l’essor technologique. Pour éviter qu’il s’ensuive une aggravation du chômage, de la pauvreté, et une paralysie croissante du système de production et de l’appareil de protection sociale, l’auteur prône l’établissement d’un revenu minimum, ici appelé Dividende National (DN), qui serait versé à tous les individus.
Chacun étant ainsi assuré du minimum vital, cette mesure permettrait – selon l’auteur – de rendre à l’économie de marché toute sa souplesse, notamment en laissant l’emploi être déterminé par le libre jeu de l’offre et de la demande.
Prenant le Royaume-Uni comme exemple, l’auteur montre que près de la moitié du revenu national pourrait ainsi être redistribué sous forme de dividende national, le prélèvement étant assuré par l’impôt sur le revenu et la TVA. Toutefois, malgré l’ampleur de ces fonds transitants par l’État, les prix et les revenus devraient rester presque inchangés, l’économie des entreprises et celle de l’État se trouvent assainies par l’allègement des contraintes et la fluidité des échanges.