Depuis quelques années, discours et prophéties abondent prédisant que le développement des applications nouvelles de l’électronique et de l’informatique engendreront, dans les domaines de la technologie, des ” révolutions ” qui entraîneront des modifications importantes de la vie quotidienne, et conduiront à l’instauration d’une ” Société de l’Information ” dans nombre de pays développés, voire dans le tiers-monde.
Préciser l’impact que peuvent avoir les nouvelles techniques de l’information nécessite d’éviter aussi bien les schémas d’un déterminisme technologique trop simpliste que la sous-estimation des potentialités de transformation liées à ces techniques. Le premier consiste à transposer sans précaution les caractéristiques techniques des nouveaux biens ou services en termes de changement dans les pratiques quotidiennes. Le second conduit à refuser d’envisager un futur qui aurait des traits différents du présent.
Pour sortir de cette contradiction, la Communauté Européenne – dans le cadre du Programme FAST – a demandé à deux équipes du CNRS – le Laboratoire d’Économie des Transports à Lyon (Alain Bonafous et François Plassard) et l’équipe Socio-économie des Modes de Vie du Centre d’Études Sociologiques à Paris (Anne Charreyron, Pierre-Alain Mercier et Victor Scardigli) – d’examiner ce que pourrait être le mode de vie dans la Société et l’Information à un horizon de 10 à 15 ans.
Pour éviter les difficultés sus-évoquées, une démarche en trois temps a été entreprise. Le but de la première étape était de préciser les domaines concernés par les nouvelles techniques et de déterminer les pratiques de la vie quotidienne qui sont les plus possibles de réduire les interrelations entre technique et société à une relation simple de causalité, la seconde étape s’est donnée comme objectif de construire trois modèles d’interaction, décrivant les comportements individuels possibles à l’aide de quelques hypothèses particulièrement contrastées sur la diffusion sociale des nouvelles technologies. Dans la troisième étape, des scénarios proprement dits, ont été élaborés, en fonction d’hypothèses sur les évolutions politiques et économiques des sociétés ouest-européennes.
Victor Scardigli présente ici les principaux résultats des deux premières étapes, les reproches d’autres observations sur les technologies nouvelles et insiste sur le rôle déterminant des acteurs : État, producteurs et consommateurs.