” La catastrophe devient une composante de la réalité quotidienne au même titre que le sport ou la politique “. Des organes de presse réputés sérieux et difficiles à soupçonner d’une quelconque volonté de dramatisation, en ont fait rubrique à part entière distincte du fait divers. Un nouveau genre littéraire et cinématographique s’est également créé dont le succès populaire semble assuré.
En un mot, la catastrophe a pris place dans l’imaginaire contemporain et elle n’a pas manqué de s’y retrouver associée avec d’autres idées-force qui tendent désormais à modeler la sensibilité moderne face à la science et à la technique. Après l’euphorie technicienne et productiviste qui a caractérisé le début du siècle, une période de reflux a désormais commencé qui voit s’effriter le consensus existant sur l’alliance nécessaire du progrès social, de la croissance et de la technologie. Si l’idée de catastrophe a, dès l’aube de l’humanité, été associée à celle de conflits armés, d’épidémies, de calamités naturelles, une nouvelle catégorie s’inscrit désormais à ce panthéon : celle de catastrophe industrielle.