Les sentiers énergétiques doux
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 22, avr. 1979
« Quand les dieux veulent perdre un homme, dit un ancien proverbe grec, ils lui accordent tout ce qu’il désire. » La surabondance de pétrole à bas prix au cours des années 50-60 a-t-elle perdu l’Europe occidentale? C’est au cours de cette période, en tous cas, que nous nous sommes accoutumés, à l’imitation des Etats-Unis d’Amérique, à ce style de développement à haut profil énergétique qui nous lie aujourd’hui: logements à médiocre isolation thermique, urbanisme et tarification privilégiant l’essor du transport individuel, développement industriel lourd en énergie, etc. Dans tous les secteurs, pour tous les décideurs, la pléthore énergétique à bas prix était identique à la disponibilité de l’air pour respirer: une évidence inscrite dans la nature des choses. Le jeu économique – où chacun mettait sa vertu à contribuer à la prospérité collective en maximisant sa productivité individuelle – consistait donc à préférer partout les techniques économes en capital et en travail (dont les prix étaient orientés à la hausse), fussent-elles voraces en énergie (dont les prix étaient réputés orientés à la baisse).