Quelques remarques sur les prévisions en matière d'emploi en France
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 11, juil.-août 1977
Parmi les différents domaines de la prévision économique et sociale, l’observation et l’analyse des tendances du marché (ou des marchés) de l’emploi est l’un des plus traditionnels, des plus importants, et apparemment des plus « faciles » du point de vue des méthodes utilisées. Les progrès de la planification en France ont coïncidé avec le développement des recherches sur l’emploi, où s’illustrèrent les noms de Sauvy, de Fourastié, de Vimont, notamment. Démographes et analystes du progrès technique ou de la consommation se retrouvaient ainsi autour de préoccupations communes. Par ailleurs, le prestige de la théorie keynésienne, les craintes d’un retour du chômage, ont favorisé des réflexions directement liées à la politique économique et sociale sur les conditions de réalisation du plein emploi. Il en est résulté une période de croissance sans précédent dans les économies occidentales, où le problème fut moins de veiller au plein emploi que de trouver, dans le pays même, ou à l’étranger, la force de travail impliquée par l’allure du développement économique: on sait que cela fut rendu possible grâce aux flux migratoires campagne/ville ou pays du Tiers-Monde/pays industriels, grâce au maintien d’une durée élevée hebdomadaire ou annuelle du travail, grâce aux progrès du taux d’activité des femmes, notamment dans les secteurs tertiaires. L’explication de cet ensemble de phénomènes est lumineusement exposée dans l’ouvrage classique de J. Fourastié dans « le grand espoir du XXe siècle ».