L’accaparement des terres, défini comme l’achat de vastes pans de terres étrangères – de plus de 1 000 hectares – par des États ou des multinationales pour en exploiter les ressources, agricoles, minières ou autres, fait l’objet de différentes analyses. La principale source d’informations sur ce phénomène [1] dans le monde est le partenariat Land Matrix [2], mis en place par cinq institutions de recherche. Un premier rapport de synthèse a été publié en 2012 [3] ; leur second rapport porte sur les transactions foncières dans le domaine de l’agriculture [4] et a été publié en octobre 2016. Land Matrix a mis en place un observatoire mondial sur les acquisitions foncières à grande échelle dont l’objectif est d’encourager la transparence et la responsabilisation dans les décisions concernant les terres et l’investissement. La base de données différencie les transactions prévues, les transactions conclues (et les superficies achetées puis mises en culture), et les transactions qui ont échoué. Les superficies des transactions conclues sont bien inférieures à celles prévues ainsi qu’à celles qui ont échoué.
Selon Land Matrix, depuis l’année 2000, 26,7 millions d’hectares de terres agricoles sont passés dans les mains d’investisseurs étrangers (1 004 contrats). Ces investisseurs possèdent ainsi environ 2 % des terres agricoles dans le monde, soit quasiment les superficies du Royaume-Uni et de la Slovénie réunies. Les transactions conclues concernent des exploitations d’une superficie moyenne de 35 756 hectares et de taille médiane de 8 650 hectares, ce qui signifie que certaines transactions portent sur des superficies très importantes.
Ces achats concernent en premier lieu des terres à haut potentiel agronomique, trad...