La Russie a, contrairement aux pays de l’espace euro-atlantique, une appréhension du cyberespace fondée moins sur les questions techniques que sur la dimension culturelle. En termes stratégiques, Moscou identifie le cyberespace comme un espace avant tout informationnel. Plusieurs éléments expliquent cette situation, à commencer par une relative faiblesse russe sur les couches techniques (matérielle et logicielle) du cyberespace. De fait, la décennie « perdue » 1990-2000 a été celle d’un retard très important que le pays peine aujourd’hui à combler. Parallèlement à cette faiblesse intrinsèque, la focalisation – ancienne – des dirigeants russes sur les questions culturelles et linguistiques dans l’espace post-soviétique, est demeurée au cœur de la stratégie de l’État. Avant même l’ère soviétique – et surtout depuis celle-ci -, les dirigeants russes ont été les champions de la communication culturelle et de la mobilisation au travers des médias. Il en résulte la vision d’un cyberespace russophone, le RuNet, qui a comme principale caractéristique l’utilisation de la langue russe.
Depuis les années 2000, une poignée de grands sites Internet russes structurent la communication dans une zone s’étendant de l’Ukraine au Tadjikistan, avec des extens...