« Théoricien de la connaissance et héros de la Résistance, dissident du stalinisme et infatigable promoteur du “principe espérance”, anthropologue de la mort et sociologue du temps présent, Edgar Morin est un touche-à-tout universel. » Nicolas Truong présente ainsi le penseur centenaire dans le recueil de leurs dialogues publiés par Le Monde entre 2007 et 2022. Ces échanges, auxquels a participé en 2013 Stéphane Hessel, éclairent « le somnambulisme » à l’origine de la situation actuelle. Et tandis qu’un candidat à la présidence française fait ouvertement l’éloge du Vichy fasciste, les témoignages de l’ancien résistant Edgar Morin sont éclairants. D’autant que, modeste et sincère, il ose rapporter ses doutes durant six ans d’enrôlement dans le parti communiste, ses difficultés à s’en extraire tandis qu’il découvrait des horreurs – du rôle de kapo assumé à Buchenwald par les détenus communistes à la livraison par Staline aux nazis de communistes allemands. « À la Libération, je ne me pardonnais pas le silence que j’avais gardé à ce sujet. » Mais, deux décennies avant tant d’intellectuels, Edgar Morin eut le courage de rompre, dès 1949, avec les tenants de Staline ou Mao.
Hystéries
Edgar Morin joint rigueur intellectuelle et compassion humaine. Résistant, il a sauvé des femmes de la tonsure ; il a relâché, apitoyé par son désespoir, un supposÃ...