Cinquante ans se sont écoulés depuis la révolte étudiante de mai 1968. D’importants changements sont intervenus dans l’enseignement supérieur mais il est saisissant de constater combien l’université, en France, reste « le ventre mou » du système d’enseignement supérieur, coincée entre les Grandes Écoles et les organismes de recherche, non faute de réformes, à commencer par celle d’Edgar Faure en 1968 jusqu’à la Loi Fioraso (2013) en passant par la loi LRU sur les « Libertés et responsabilités des universités » (2007). Si le nombre d’étudiants est passé d’un demi-million en 1968 à plus de 2,5 millions en 2016, force est de s’interroger sur les qualifications de ceux qui en sortent et sur les orientations qui s’offrent à eux. L’université française est-elle à nouveau, ou pour toujours, en crise, cherchant à s’émanciper de l’État sans en avoir vraiment les moyens ? Engagée dans « la grande course » que décrit Christine Musselin tout en étant toujours en quête d’un avenir meilleur, mais lequel ? Tel était l’objet de la table ronde de Futuribles International intitulée : L’enseignement supérieur : la grande course des universités qui s’est tenue le mardi 29 mai 2018 à Futuribles International. Cette table ronde était introduite par Christine Musselin, sociologue, enseignante à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), puis à l’École nationale des ponts et chaussées (ENPC) et au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), ancienne directrice du Centre de sociologie des organisations (CSO) au sein duquel elle a dirigé un programme de recherche comparatif sur les systèmes d’enseignement supérieur et de recherche – voir notamment ses livres La Longue Marche des universités françaises (Paris : PUF, 2001) et Le Marché des universitaires. France, Allemagne, États-Unis (Paris : Presses de Sciences Po, 2005). Christine Musselin est aujourd’hui directrice scientifique de Sciences Po. Elle a publié l’an dernier l’ouvrage La Grande Course des universités (Paris : Presses de Science Po, 2017).