Depuis une dizaine d’années, en France, les démissions de professeurs sont en augmentation constante au sein de l’Éducation nationale (EN). De 364 démissions en 2008-2009, nous sommes passés à 1 417 en 2017-2018 (dernières données disponibles). Le phénomène concerne principalement les jeunes professeurs : lors de cette dernière année scolaire, près de la moitié des démissions sont le fait de professeurs stagiaires, et 20 % de la part de titulaires ayant moins de cinq ans d’ancienneté. Parmi eux se trouvent toutefois des personnes plus âgées, en reconversion professionnelle. L’augmentation de ce phénomène, certes toujours ultraminoritaire (0,2 % des effectifs en 2018), est un signal faible parmi d’autres alertant sur un déficit profond d’attractivité du métier.
Nombre de professeurs démissionnaires de l’Éducation nationale en France (2008-2018)
Source : données DEPP 2018.
Comment expliquer cette croissance continue ? L’ensemble du corps enseignant pointe l’augmentation depuis plusieurs décennies des tâches et des missions, notamment administratives. Cette surcharge amène pression et situation de stress : dans le premier degré, 60 % des enseignants font état d’une surcharge de travail, la moitié d’un épuisement professionnel. L’absence de reconnaissance, que ce soit de la part de la hiérarchie, des parents, ou en termes de valorisation salariale, est aussi dénoncée. Si le salaire des professeurs en fin de carrière se situe dans la moyenne de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la rémunération en début et milieu de carrière est sensiblement plus basse que dans d’autres pays d’Europe de l’Ouest, et surtout inférieure à celles du privé à niveau de diplôme équivalent : hors primes et heures supplémentaires (plus fréquentes dans le secondaire que dans le primaire), un professeur [1] touche 24 804 euros bruts par an lors de sa pre...
