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Europe-États-Unis : progrès technique et myopie des économistes

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 211, juil.-août 1996

L’informatisation de la société n’a fait que commencer, affirme J.-J. Salomon. Mais ses effets ont déja été considérables. Ils se sont traduits en Europe par une croissance continue du chômage et aux États-Unis par une aggravation des inégalités de revenus et une réduction des salaires. On surestime toujours la rapidité de diffusion des nouvelles technologies. Celles-ci ne se propagent pas au rythme de leur découverte, mais en fonction de la capacité des sociétés de les absorber. Ainsi l’informatisation, à peine amorcée du moins en Europe, va-t-elle en réalité se développer dans les années à venir à un rythme beaucoup plus accéléré. Elle entraînera une destruction d’emplois très importante et une restructuration des formes de travail.
Les économistes demeurent obstinément myopes vis-à-vis des bouleversements à venir : les indicateurs qu’ils utilisent, par exemple pour mesurer les gains de productivité, sont inadéquats. Et leurs travaux de modélisation purement théoriques. Rien ne permet d’affirmer que l’informatisation va se traduire par un regain de croissance et d’emploi. Au contraire les prochaines années risquent d’être marquées par un choc technique majeur, entraînant l’aggravation du chômage et celle des inégalités entre un petit nombre de gens “branchés” et le grand nombre de ceux dont la situation se dégradera.
Le défi est considérable. On ne peut plus compter sur des phénomènes d’ajustements spontanés et indolores ; il est donc urgent d’adopter une stratégie pour mieux répartir la rareté et préparer l’avenir, mais cela implique des choix politiques fondés sur des valeurs humaines et non des mythes technocratiques.

#Chômage #États-Unis #Europe occidentale #Informatique #Sciences économiques
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