D. Kaisergruber, se fondant sur une enquête menée dans six pays européens auprès d’une soixantaine d’entreprises, montre que de nouvelles formes d’organisation et d’emploi sont en train d’émerger et qu’elles remettent radicalement en cause la conception du travail depuis le XIXe siècle… En particulier, dit l’auteur, “les frontières de l’entreprise se brouillent : la distinction entre l’intérieur et l’extérieur du périmètre de l’entreprise”, entre flexibilité interne et externe n’a plus grand sens à mesure que de nouvelles configurations se développent, privilégiant le partenariat plutôt que le salariat.
La définition même du travail se modifie dès lors que les entreprises se reconfigurent, passant d’une structure pyramidale à une organisation en réseau au sein de laquelle les liens hiérarchiques se distendent tandis que s’instaurent des coopérations techniques plus fortes. Le travail tend alors à s’organiser (statuts, horaires, rémunérations… ) suivant des modalités fort différentes dictées davantage par les impératifs de la compétitivité que par ceux du droit social. Bref, les actifs gagnent en indépendance ce qu’ils perdent en protection ! La question étant évidemment de savoir s’ils sont formés de manière adéquate pour s’intégrer équitablement comme entrepreneurs plutôt que comme salariés ?
Frontières de l'emploi, frontières de l'entreprise
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 193, déc. 1994