Une catastrophe survient-elle ? Tout est prévu. Chaque département possède sa citadelle à partir de laquelle le préfet, représentant le gouvernement, déclenchera le plan ORSEC. Aussitôt, sur son ordre, sur l’avis de son état-major, tous les moyens utiles et disponibles seront mis en oeuvre pour faire face à la situation. Depuis quelques temps, un souci nouveau est pris en considération pour compléter le dispositif : la gestion de l’information. Dans le cas de l’Amoco-Cadiz, le coordinateur nommé par le gouvernement assure une conférence de presse quotidienne ; on se demande à cette occasion si la préfecture ne devrait pas, en priorité, se charger des relations avec la presse locale qu’elle connaît bien. Avec l’accident de Three Mile Island, une commission d’étude recommande, pour la France, un nouveau pas vers cette structuration et cette centralisation du traitement de l’information : qu’un état-major extrêmement restreint au plan national et au niveau le plus élevé canalise l’information ; toutes les données devraient transiter par cette instance.
Ce type de construction est bien dans la ligne du modèle préfectoral, celui de la citadelle. Accroître un pouvoir déficient, assurer une meilleure qualité de l’information, réduire les contradictions (déplorées dans le cas de Three Mile Island par exemple), éviter la panique, sont les raisons d’être, dit-on, d’un tel modèle de gestion.
On est pourtant conduit à s’interroger sur ces orientations spécifiquement françaises. Sans même s’inquiéter des nouveaux principes mis en avant (en termes d’accès à l’information, de liberté de la presse…) on peut se demander si les modèles préconisés seraient opératoires pour des situations de grande catastrophe. Un ensemble hiérarchisé de donjons peut n’avoir pas prise sur la situation qui prévaut sur le territoire concerné, comme on l’a déjà constaté dans l’art militaire : ” des camps pour protéger les routes pour ravitailler les camps… “
La question de base est celle-ci : en ce qui concerne l’information et la communication, qu’est-ce qu’une catastrophe ? C’est le problème posé ici par Yves Stourdzé.