Si Jean Saint-Geours s’est toujours intéressé aux relations entre la croissance économique et l’amélioration des conditions de vie, aussi bien du travailleur (l’emploi) que du consommateur, il fut sans doute aussi l’un des premiers, au sein instances gouvernementales françaises, à plaider en faveur de la réduction du temps de travail et du partage de l’emploi en liant toutefois étroitement ces mesures aux autres facteurs déterminant la compétitivité de l’économie.
Conseiller auprès du Premier ministre Pierre Mauroy en 1981 et 1982, chargé de la ” Mission nationale de lutte pour l’emploi ” et grand artisan alors de la mise en oeuvre des ” contrats de solidarité “, il dresse ici un bilan sans complaisance de la politique qui fut menée, mais surtout en tire deux enseignements majeurs qui, de à l’heure où le Gouvernement français à niveau affiche la réduction du temps de travail parmi ses priorités, sont particulièrement importants.
Evitons, nous dit-il, d’imposer des mesures uniformes qui tendent plutôt à bloquer le processus d’adaptation devant être respectueux de la diversité des situations, de procéder par vie de disposition générales en un domaine qui doit relever prioritairement de négociations et de contrats prenant en compte l’ensemble des facteurs économiques, technologiques, sociaux, voire culturels, spécifiques à chaque profession, à chaque secteur, sinon à chaque établissement et porter sur l’aménagement du temps de travail dans toutes ses dimensions.
Venant ainsi appuyer le message essentiel du numéro spécial que nous avons consacré à la réduction et à l’aménagement du temps de travail, ne nous laisse-t-il pas aussi entendre – sans doute ne souscrit-il pas à cette interprétation – que la croissance économique à elle seule ne saurait endiguer ” la montée inéluctable du chômage “, et qu’un nouveau contrat social, par de multiples négociations décentralisées, est à inventer, exigeant des partenaires économiques et sociaux une révision parfois fondamentale de leurs positions ?
Le chômage et le partage du travail
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 170, nov. 1992