Après un bref rappel sur l’émergence d’une conscience climatique mondiale (qui aura quand même demandé un siècle et demi si l’on fixe l’origine à l’Année géophysique internationale, 1957-58), Christian Gollier se penche sur les stratégies de contrôle des émissions de gaz à effet de serre. Il observe d’abord que ce n’est que très récemment qu’a pu se développer un relatif consensus scientifique sur la modélisation de la dynamique des équilibres économiques et climatiques. Les modèles de Cambridge et de Yale, notamment, ont conduit à des prises de position très contrastées de la part de lord Nick Stern en 2007 et de William Nordhaus en 2015. Nous verrons plus loin que ces indispensables outils scientifiques doivent prendre en compte d’énormes incertitudes sur les paramètres.
S’il est probablement trop tard pour s’unir afin ne pas franchir la barre du 1,5 °C d’augmentation de la température de la planète d’ici la fin du siècle (par rapport à l’ère préindustrielle), il ne faudra cependant pas émettre plus de 800 gigatonnes d’oxyde de carbone dans l’atmosphère dans les siècles à venir, alors que nous en avons émis troi...