Pour quels motifs, dans quel but et avec quelle efficacité la puissance publique intervient-elle sur le marché des drogues ?
Pour deux motifs principaux, répond P. Kopp : le premier tient à la volonté “paternaliste” de l’Etat de protéger les consommateurs contre les décisions irrationnelles qu’ils pourraient prendre et qui iraient à l’encontre de leur bien-être individuel (en l’espèce la consommation de drogues entraînant un phénomène d’accoutumance), cet argument justifiant la politique générale de prohibition qui toutefois – eu égard à la nature différente des drogues et à l’usage différencié qui peut en être fait – peut revêtir le caractère d’une tutelle salutaire pour les uns, d’une ingérence non-justifiée pour les autres. Le second tient au fait que la consommation de drogues engendre des externalités négatives (violence, morbidité…), dont la charge ne peut être imputée aux consommateurs et qui doivent donc être supportées par la collectivité qui consacre une partie de son budget à la prévention et à la répression.
Cette politique, qui en fait ne saurait supprimer la consommation mais vise à la “contenir” est-elle efficace ? P. Kopp montre que les politiques libérales ne se traduisent pas nécessairement par une consommation plus forte et celles de prohibition par un moindre usage…
Explorant au demeurant plus avant quelle peut être l’efficacité de la répression en fonction du rôle qu’elle joue sur les coûts et de l’impact de ceux-ci sur la consommation, il expose différents scénarios pour finalement montrer que – contrairement à la logique qui voudrait que la répression entraîne une hausse des prix qui induise une baisse de la consommation – celle-ci peut renforcer la concurrence et celle-là entraîner une chute des prix.
L’auteur en démontant ainsi les mécanismes du marché montre que celui-ci, en raison même de son illégalité, fonctionne de manière atypique, la stratégie des trafiquants étant au demeurant toute différente suivant qu’ils sont “expérimentés” ou “nouveaux entrants” (les profits des premiers étant d’autant plus importants que la répression est forte !).
L'efficacité des politiques de contrôle des drogues illégales
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 185, mars 1994