On pense généralement que l’usage de drogues est une manière de fuir la réalité, qu’il consacre la rupture du lien social, qu’il est intimement lié à l’exclusion et à la délinquance.
Mais, fait observer A. Ehrenberg, cela ne permet pas, par exemple, d’expliquer la diffusion importante de drogues dans les classes moyennes. L’auteur estime qu’elles jouent un rôle multiplicateur d’individualité, qu’elles constituent un instrument de réalisation personnelle dans une société de consommation au contraire génératrice de frustrations.
Au demeurant, ajoute l’auteur, le rapport aux drogues s’est modifié : d’abord instrument de contestation dans les années 60, elles sont ensuite venues augmenter les performances individuelles dans une société qui exige de se surpasser constamment.
Bref, conclut A. Ehrenberg, l’usage des drogues ne peut être analysé seulement en termes d’anomie, de pathologie sociale, d’exclusion. Il participe aussi d’un désir d’insertion et de réussite sociale…
Les drogues, un multiplicateur d'individualité
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 185, mars 1994