Cet article explique quelles sont les principales logiques qui interviennent dans la structuration du secteur de la drogue pour montrer quelles sont les différenciations à opérer et les politiques publiques éminemment diverses qui peuvent être adoptées aussi bien en amont (éradication autoritaire des cultures vs politique alternative de développement) qu’en aval, depuis la répression directe jusqu’aux politiques de prévention et d’insertion.
Adoptant une approche en termes de filières pour les trois principaux produits (héroïne, cocaïne et cannabis), l’auteur expose la logique qui sous-tend les acteurs depuis la production jusqu’à la distribution finale en passant par de multiples intermédiaires intervenant au niveau de la distribution qui, eux-mêmes, sont assistés de nombreux agents auxiliaires. Michel Schiray décrit la répartition des tâches et celle des profits revenant à chaque agent.
Il montre ensuite ce qui entraîne les pauvres et les exclus dans ces filières et finalement peut-être dans la criminalité. Cinq logiques ainsi apparaissent :
-une logique de survie pour les pays producteurs ;
-une logique criminelle de trafic illicite à tous les niveaux intermédiaires de distribution ;
-une logique d’interpénétration avec l’économie officielle pour certains intermédiaires ;
-une logique de consommation animant l’usager-revendeur ;
-une logique d’insertion socio-économique pour de petits revendeurs finaux.
Finalement, l’auteur montre combien le commercre de stupéfiants renvoie à des enjeux collectifs essentiels, non seulement ceux de la prévention et de la répression, mais plus encore ceux relatifs à nos stratégies de développement.
Les filières-stupéfiants : trois niveaux, cinq logiques. Les stratégies de survie et le monde des criminalités
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 185, mars 1994