Comme avec l’Ukraine, le conflit entre la Russie et les géants occidentaux du Net couvait sous la cendre depuis quelques années, avant de se cristalliser brutalement en février 2022. Dès 2017, l’État russe a en effet adopté une loi permettant de bloquer n’importe quel dispositif susceptible de masquer ou de délocaliser son adresse IP (Internet Protocol). En 2021, la situation s’est aggravée, notamment dans le contexte de l’empoisonnement et de l’arrestation de l’opposant russe Alexeï Navalny. Des centaines de milliers de sites ont été bloqués et, en fin d’année, une lourde amende a frappé Google pour ne pas avoir supprimé des contenus interdits. En dépit de cette situation, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) s’accommodaient des conditions qui leur étaient faites et se maintenaient sur le marché russe. Il en allait de même des grands acteurs occidentaux du numérique, communément désignés comme les Big Tech.
La confrontation a donc changé de dimension avec l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes le 24 février 2022 et la situation antérieure s’en est trouvée bouleversée. Tout d’abord, les réactions étatiques occidentales ont été rapides et le régime de sanctions contre la Russie, adopté depuis l’invasion de la Crimée en 2014, s’est considérablement durci. Les mesures ont d̵...