Considérée comme l’un des moteurs de la croissance économique depuis le début du siècle, la chimie apparaît aujourd’hui comme un secteur industriel vulnérable. Plusieurs symptômes caractéristiques d’une grave crise structurelle se manifestent progressivement : surcapacités, résultats déficitaires de la plupart des entreprises, fermetures d’unités de production, licenciements… La chimie européenne, qui occupe avec 30% de la production chimique totale la première place dans le monde, se trouve particulièrement touchée. N’ayant que peu d’accès aux produits pétroliers, confrontée à un ralentissement durable de la demande provenant de ses principaux secteurs clients (automobile, textile…), concurrencée par de nouveaux pays producteurs (notamment au Moyen Orient), la chimie européenne est en proie à une crise qui fait craindre à plusieurs experts économiques le renouvellement du profond processus dépressif qui a frappé récemment la sidérurgie européenne. C’est pourquoi, l’objectif de cet article est de mettre en lumière les principales directions prometteuses de restructuration de la chimie européenne, qui permettraient à cette dernière de surmonter la crise qu’elle traverse. Une telle restructuration implique toutefois l’existence d’une véritable politique européenne en matière d’innovation pour mener à bien les mutations qui sont devenues nécessaires.
L'industrie chimique européenne et la crise, la nécessité des mutations technologiques
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 60, nov. 1982