Matière grise de l’urbain. La vie du ciment en Afrique est le dernier livre de la géographe Armelle Choplin. Nous l’avons adoré ! La force du livre tient à la capacité de l’auteur à nous démontrer comment interroger la brique et le béton permet de saisir la production de l’urbain en Afrique de l’Ouest. Le ciment est un liant, au sens premier – le ciment lie physiquement eau, sable et / ou granulats (gravier ou pierre) pour donner le béton – et au sens figuré : il permet à l’auteur d’évoquer tout à la fois les techniques de construction, la construction des villes coloniales, le développement des villes nouvelles, les imaginaires urbains et la littérature nigériane. Ce livre s’inscrit dans un courant de pensée, le « tournant matériel », qui « propose de saisir l’importance des objets, des choses, des matières, du non-humain, souvent peu visibles mais qui jouent un rôle central dans les relations de pouvoir entre les individus et dans la construction du fait social ».
Un monde gris
L’auteur a eu l’idée du livre en écoutant le géographe David Harvey mentionner qu’entre 2011 et 2013, la Chine a consommé 50 % de plus de ciment que les États-Unis durant tout le XXe siècle. Désormais, la consommation de tonnes de ciment par habitant est prise comme indice de développement par les bailleurs [1]. Dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest, le ciment est considéré comme...