Le monde scrute le Portugal : chacun y voit, qui avec inquiétude, qui avec espoir, un avenir possible de son pays. Nous nous posons deux questions : cette société a-t-elle réellement changé, que sera-t-elle dans quelques années ? Pour y répondre, nous choisissons comme variable fondamentale, la structure de la propriété. Le changement portugais se révèle bien mériter le nom de Révolution qu’on lui applique : plus de la moitié des biens existant dans le pays change de propriétaire, la nouvelle structure de la propriété est toute différente de l’ancienne, et des formes de propriété rares et nouvelles s’y développent (autogestions). L’auteur analyse en détail ces transformations dans l’agriculture, l’industrie, le logement. Il en déduit une estimation relativement précise de ce que deviendront ces structures de propriété. Ceci permet de situer la société portugaise à venir. Elle ne ressemblera à aucun des quatre modèles couramment invoqués à son sujet : social-démocratie, Europe de l’Est, fascisme et projet de ” pouvoir populaire ” de l’extrême gauche portugaise. La coexistence, parmi les unités de production dans tous les secteurs, de petites privées et de grandes publiques, la fera par contre ressembler aux pays ex-coloniaux décolonisés à gauche, avec, cependant, sa culture européenne et, espérons-le, des expériences autogestionnaires plus viables.
Portugal : quelle révolution, vers quelle société ? Dynamique du changement des structures de propriété dans le Portugal actuel
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 5, jan.-fev. 1976