On impute volontiers la montée du chômage au progrès technique, mais il n’y a en l’espèce aucune fatalité affirme A.Y. Portnoff qui montre que si, à production égale, la technique détruit l’emploi, en même temps elle réduit les coûts, donc génère un surcroît de pouvoir d’achat qui stimule l’économie et entraîne le développement de nouvelles activités.
La question principale est en conséquence de savoir si on se contente d’automatiser le passé ou bien si l’on s’emploie à créer de nouvelles activités, bref si l’on exploite le gisement de nouvelles technologies pour inventer de nouveaux produits et services qui répondent au demeurant aux attentes des clients.
Pour A.Y. Portnoff, on a parfois oublié d’innover et insuffisamment tenu compte de l’homme, à la fois comme consommateur – non pas de techniques mais de produits et services correspondant à ses exigences en termes de qualité et de prix – et comme producteur, donc acteur dans un processus d’innovation qui exige tout autant un renouvellement des formes d’organisation et de management propres à la mobilisation de l’intelligence de chacun, qu’un recours aux nouvelles techniques.
En définitive, souligne l’auteur, le progrès technique, plutôt que de générer le chômage, peut contribuer à la relance pourvu qu’il s’accompagne d’innovations de process et de produits qui font appel tout autant aux ressources humaines que technologiques.
Progrès technique : chômage ou relance ?
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 182, déc. 1993