Le projet ” Europe plus trente ” présente des aspects critiquables évidents soulignés par de nombreuses personnalités. Dans le présent article sont mises en valeur deux faiblesses essentielles de ce projet : l’absence de prise en considération des problèmes de l’espace, qui sont l’une des données fondamentales de toute réflexion prospective, et la confusion permanente qui semble s’établir entre prévision et prospective. Sur ce dernier point, il est indispensable que soient clairement précisés les rôles respectifs tout à fait différents, dans leurs principes et dans leurs démarches, de la prévision et de la prospective, démarches qui ne sont pas incompatibles mais qui doivent être strictement distinguées.
Naturellement, la critique est faite de la futurologie au sens prédictif ou prophétique que comporte ce terme. La futurologie a donné une impression dégradée et dévalorisée de la prospective. Si l’on ne clarifie pas le rôle positif spécifique de la prospective, il sera impossible pour elle de progresser sur le plan théorique et méthodologique. Ces considérations conduisent à faire, pour la prospective européenne, une proposition autre que celle formulée par Europe plus trente, à savoir une équipe d’une centaine de personnes (Think Tank Force), formée par l’adjonction de spécialistes de disciplines les plus diverses.
La coopération européenne et le projet européen nécessitent au contraire que l’on parte de réalités concrètes, c’est-à-dire politiques (situations politiques, économiques et sociales des différents pays de l’Europe), et d’un projet ou de projets alternatifs, de caractère politique, sur ces objectifs et les modalités de la construction européenne. À partir de là, seulement, peut se dégager une conception des études prospectives en Europe s’appuyant sur un réseau large d’instituts pilotés par une équipe restreinte située près des autorités européennes.
Prospective et aménagement du territoire
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 7, juil.-août 1976