Situation paradoxale que celle de l’Amérique latine dans sa sphère religieuse. Bastion du catholicisme, le sous-continent abrite à ce jour 425 millions d’individus se réclamant de l’Église romaine – soit 40 % de la population mondiale issue de cette confession – et a vu l’un des siens accéder au trône de Pierre en 2013, en la personne du pape François. Institution majeure, l’Église catholique latino-américaine est aussi l’une des plus exposées à la concurrence d’Églises protestantes qui mettent également à mal sa traditionnelle influence politique. Cette tendance présage-t-elle d’un basculement du paysage religieux de la région dans les prochaines décennies ?
La situation du Brésil pourrait confirmer l’hypothèse. Le géant sud-américain continue de se classer numériquement en tête des pays les plus catholiques du monde. Les catholiques n’y représentent néanmoins que 61 % de la population totale, contre plus de 80 % en 1990 et 90 % 10 ans plus tôt. Un quart de la population brésilienne est aujourd’hui acquise aux multiples Églises protestantes émanant des mouvances pentecôtistes, baptistes et plus largement évangéliques selon le Pew Research Center. Selon les projections établies par l’Institut brésilien de géographie et de statistiques (IBGE) au début de la décennie, les deux confessions – catholique et protestante – atteindraient une proport...