Réduire la durée du travail afin de le répartir plus équitablement entre les demandeurs d’emploi est une idée séduisante, conciliant les aspirations individuelles et les impératifs de solidarité. Mais la réduction du temps est-elle réellement créatrice de nouveaux emplois ?
Jean-François Colin nous montre que la corrélation n’est pas si simple, et qu’elle dépend de nombreux paramètres. Sa démonstration s’appuie d’abord sur une analyse rétrospective de la réduction du temps de travail intervenue depuis 1973, analysée par rapport à l’évolution de la croissance économique, aux anticipations des entreprises, aux niveaux de rémunération et au contexte de négociation. Ayant ainsi montré que la réduction du temps de travail pourrait avoir des effets positifs sur l’emploi, l’auteur examine ensuite – en fonction d’enquêtes menées auprès d’entreprises et de simulations économétriques – quel nombre d’emplois nouveaux pourraient ainsi être créés. Il ressort de son étude que la compensation salariale et la durée d’utilisation des équipements constituent des variables déterminantes, mais que d’une façon générale la réduction du temps de travail doit être progressive, négociée et diversifiée.