En France, fin 2021, le procès des attentats de novembre 2015 a rappelé les violences subies. Avec le recul, les dégâts sont apparus aller bien au-delà des décès et blessures physiques. De nombreux survivants et témoins ont ressenti des troubles psychologiques affectant leur vie quotidienne. Parmi les troubles les plus souvent observés, on note la reviviscence de l’événement sous forme de flashes qui font revivre douloureusement le passé, l’évitement des pensées, des discussions et des personnes associées aux troubles, auxquels s’ajoutent des troubles de l’humeur et une activité neurovégétative paralysante : hypervigilance, troubles du sommeil et difficultés de concentration. Pour le plus grand nombre, ces troubles disparaissent avec le temps, mais pour certains, ils subsistent encore six ans après les faits et pour eux, on parle de syndrome des troubles post-traumatiques (STPT).
Ce phénomène est connu depuis longtemps, en particulier des autorités sanitaires de l’armée américaine, après les guerres du Viêt-nam et du Moyen-Orient. De nombreux vétérans ont été atteints, représentant pour le pays une charge morale, mais aussi économique, considérable. Son importance dépasse largement ce cadre car les situations de stress sont nombreuses : accidents climatiques, accidents des transports, épidémies…, et chaque jour, les médias relatent de nouvelles catastrophes. À l’avenir, il est vraisemblable que le nombre de cas de STPT va croître dans le monde.
L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) a entrepris une opération de suivi systématique, le programme 13-Novembre, destinée à mieux comprendre ces phénomènes par un suivi transversal (1 000 personnes impliquées) et longitudinal (12 ans). Le projet est multidisciplinaire, associant médecine, neurosciences, histoire et sociologie. À l’issue d’une première étape, des résultats originaux ont été obtenus par l’équipe de Pierre Gagnepain (Normandie Université, INSERM), concernant les souvenir...