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2011 : un monde fragmenté

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 272, fév. 2002

Niall Ferguson s’interroge, dans cet article, sur ce que pourrait être la vie, notamment aux États-Unis, d’ici 2011 et sur l’impact réel des attentats du 11 septembre 2001 sur le cours de l’histoire. Contrairement à ce que l’on a pu lire un peu partout depuis les événements, il n’y voit pas un point de rupture majeure susceptible de bouleverser le monde.
Certes, rien ne sera plus comme avant : New York risque de plonger dans l’obsession sécuritaire et l’économie américaine va accuser le coup. Néanmoins, un tel avenir ( qu’il qualifie de  » sombre « ) n’aura pas pour origine le 11 septembre 2001. En effet, il résultera selon lui de quatre tendances lourdes d’ores et déjà à l’oeuvre, antérieures à cette date :
1) La mondialisation du terrorisme : les techniques utilisées ne sont pas nouvelles, la nouveauté vient de ce que, désormais, les États-Unis ne sont plus épargnés et qu’il leur faut intégrer cette donnée dans la gestion de leur sécurité intérieure.
2) Le ralentissement économique, déjà engagé depuis plus d’un an aux États-Unis, et qui pourrait s’aggraver en raison de deux grandes faiblesses : d’une part, le fait que la mondialisation a de plus en plus de laissés-pour-compte ; d’autre part, le risque réel d’une troisième crise énergétique susceptible de mettre un terme à  » l’ère du moteur à explosion « .
3) Le passage, pour les États-Unis, d’un impérialisme informel (simple exercice d’influence politique et économique) à un impérialisme formel (avec intervention réelle sur le terrain et mise en place de quasi-protectorats d’inspiration néocoloniale).
4) La désintégration politique des États-nations multiculturels : si clash de civilisations il doit y avoir, ce ne sera pas entre deux grands blocs (Occident vs Islam uni) mais entre communautés ethniques ou religieuses présentes dans un même État (à l’image de la Bosnie ou du Rwanda, par exemple).
Ces tendances, insiste Niall Ferguson, préexistaient à la vague d’attentats de septembre 2001 et leurs conséquences en termes de sécurité nationale et de gestion des affaires internationales étaient prévisibles dès avant cette date. Ce n’est qu’un futur possible, selon l’auteur, mais il y croit : il faut se préparer à vivre avec le terrorisme au quotidien, avec une présence physique de l’armée américaine dans de plus en plus de territoires  » à problèmes « , ou encore avec une ségrégation de fait entre groupes ethniques et religieux, et pas seulement dans les villes américaines.

#États-Unis #Terrorisme
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