Notre époque reste placide face aux menaces auxquelles la planète est confrontée, en particulier le changement climatique, constatent les auteurs. Aussi, dans ce livre « écrit à quatre mains », les deux professeurs de philosophie à l’université de Lausanne, partant d’un diagnostic des causes de la crise actuelle, proposent-ils une approche nouvelle pour s’y attaquer.
Dans leurs deux premiers chapitres, ils soulignent que l’évolution d’une civilisation est souvent orientée par un paradigme qui englobe et encadre tout ce qui est « pensable » (les connaissances, la culture, la vie sociale, etc.), et impulse toutes les actions humaines. En Occident, la modernité a été dominée par le paradigme « mécaniste » qui a envisagé la nature comme un ensemble de particules n’ayant ni intériorité ni finalité, et dont le comportement obéit aux lois de la mécanique et de la physique, découvertes notamment par Galilée et Newton. Ce réductionnisme a instauré le dualisme homme / nature, décrit par l’anthropologue Philippe Descola, qui a abouti, au fil des siècles, à une surexploitation des ressources, en particulier par l’agriculture industrielle à l’origine de dommages collatéraux. Toutefois, au XIXe siècle, la théorie de l’évolution de Darwin et les thèses de Lamarck ont commencé à réinscrire l’homme dans la nat...
