Après des décennies de progrès social vers une société plus égalitaire, les Suédois vont-ils devoir faire marche-arrière ? Le déficit budgétaire a sextuplé en quatre ans. La dette extérieure atteint 9 % du PNB. Le Welfare State atteint ses limites affirme le patronat. Le Ministre du travail annonce le retour au niveau de vie de 1970.
Le chômage, » bête noire » des Suédois, menace d’atteindre le taux fatidique, pour eux, de 4 %. Le système fiscal est unanimement contesté. Le gouvernement prévoit de réduire les dépenses publiques.
Pourtant les syndicats ne sont pas vraiment inquiets. Jusqu’ici l’essentiel des acquis n’est pas remis en cause. Ils acceptent la baisse des salaires réels. L’heure n’est plus à l’augmentation du pouvoir d’achat mais à la conquête de la démocratie économique, notamment grâce à la création de fonds collectifs salariaux.
Le dur conflit du printemps 1980, n’a été, selon les protagonistes, qu’une partie de bras de fer indispensable à la bonne marche du système de relations sociales. Chacun a prouvé sa force à l’adversaire. Il n’y a eu ni perdant ni gagnant. Et cela a permis la conclusion d’autant plus rapide d’un accord salarial cette année. À la base, plus encore qu’au sommet, négociation et coopération continuent semble-t-il, de régir les relations entre patronat et syndicats. Les expériences de réorganisation du travail qui avaient fait de la Suède le » laboratoire social » du monde se poursuivent, mais sans renfort de publicité.
Pourtant, » le partage de la pauvreté « , selon l’expression du patronat, s’avère plus difficile que celui de la croissance. Il accroît les tensions, comme le montre la récente » guerre fratricide » que viennent de se livrer le syndicat des employés du secteur privé et la centrale ouvrière LO.
