Après une période d’expansion démographique consécutive à la Deuxième Guerre mondiale, l’indicateur conjoncturel de fécondité a connu, depuis 1964, une chute brutale et de grande ampleur. L’aménagement du territoire ne peut rester passif devant cette évolution :
– Tout d’abord parce que la baisse persistante de la fécondité amorcée au milieu des années 1960 est une interpellation directe à toute politique opérant sur l’espace des hommes. Quel aménagement du territoire prévoir pour la France dès lors que l’on ne peut plus écarter l’hypothèse d’une récession voire d’une stagnation du volume de la population ?
– Ensuite parce que l’on ignore les causes profondes de ce mouvement et que l’on maîtrise mal, notamment, les indices complexes de tel ou tel aspect de la politique d’aménagement du territoire sur la démographie.
Ainsi l’on voit se dessiner ce double lien encore peu exploré et mal connu qui unit la population et l’espace, les préoccupations du démographe et celles de l’aménageur : l’aménagement du territoire est concerné par l’évolution démographique, en raison d’abord de sa mission propre qui est de contribuer à répartir les activités et les hommes sur le territoire, ensuite parce que les résultats de son action peuvent partiellement influencer la dynamique des populations et, en tout cas, les dynamiques régionales. C’est ce double lien qu’il s’agit d’explorer et de mieux connaître.
Le séminaire du Conseil de l’Europe, qui s’est tenu à Strasbourg du 6 au 10 septembre 1976 constituait donc une occasion privilégiée pour examiner les implications économiques, sociales et spatiales de la tendance, commune aux pays industrialisés de l’Europe, à la décroissance démographique.
Les incidences d'une population décroissante ou stationnaire en Europe
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 10, mars-avr. 1977