On n’en finit pas, dans la littérature prospective, d’insister sur la diversité des facteurs qui exercent une influence sur l’avenir de nos sociétés. Mais, parmi eux, la technologie a toujours bénéficié d’une attention particulière, sans doute en raison de la rapidité des progrès réalisés en ce domaine et de l’ampleur présumée des impacts, notamment économiques et sociaux, pouvant résulter de ses applications.
Cette attention particulière portée au développement technologique s’est traduite par une abondante production d’études prospectives qui, dans la foulée des célèbres enquêtes Delphi menées par la Rand Corporation durant les années soixante, se sont attachées à discerner quelles étaient les grandes avancées scientifiques et technologiques prévisibles, leurs impacts potentiels. Ainsi en fut-il, par exemple, des travaux plus récents conduits sur les « technologies-clefs » et les « technologies critiques ».
Sous le terme de « foresight » s’est développée, plus récemment, une nouvelle génération de travaux à caractère plus ou moins prévisionnel et/ou prospectif qui, tout en partant du facteur technologique, portent plus largement sur les perspectives économiques et sociales. L’expérience britannique est, en l’espèce, particulièrement remarquable. Rémi Barré décrit ici les activités menées dans le cadre d’abord de l’exercice de « technology foresight » mené de 1993 à 1998, ensuite du programme plus vaste de « foresight » engagé depuis 1999.
Le bilan qu’il en dresse l’amène enfin à s’interroger sur le rôle que la prospective pourrait jouer dans « la gouvernance des sociétés fondées sur la connaissance ».
Le "foresight" britannique. Un nouvel instrument de gouvernance ?
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 249, jan. 2000