Les districts industriels italiens, ces grappes de petites et moyennes entreprises, regroupées en des systèmes locaux organisés, sont un bel exemple. Remarquables pour leur compétitivité, leur esprit entrepreneurial, leur capacité à innover et leur faculté d’adaptation au marché, ces microentreprises, le plus souvent héritières de l’artisanat traditionnel italien, ont développé une organisation en réseau, les districts, qui les rend particulièrement efficaces.
Comme le montre fort bien Florence Vidal, ces districts italiens sont florissants et contribuent largement au gage d’excellence du Made in Italy. Leurs résultats très positifs (200 districts industriels en 1998, 2 200 000 employés, 42,5 % de l’emploi manufacturier) en font des acteurs essentiels de l’économie italienne. Spécialisés dans la production d’un seul produit, selon un schéma souple de quasi-intégration verticale, ils bénéficient d’économies d’échelle importantes et sont renommés pour leur sens du design, leur créativité et leur efficacité.
Systèmes complexes, les districts font appel à des coordinateurs de filière qui assurent leur interface avec les marchés nationaux et internationaux, et financent des projets. Ils coopèrent également en consorzi sur tel ou tel projet, et bénéficient ainsi de partages de coûts importants, tout en s’appuyant sur de nombreuses institutions locales qui favorisent leur développement, défendent leurs intérêts en encourageant la cohésion sociale, l’esprit d’entreprise, la spécialisation productive, la flexibilité de la main-d’oeuvre et une gouvernance interactive.
Florence Vidal pose clairement la question de savoir si ce concept vertueux est transférable. Concentrés en Italie du Centre et du Nord, les districts vont-ils continuer à s’affirmer et gagner le Sud, voire d’autres pays européens ? Des efforts vont dans ce sens, apportant des réponses inégales.
Quant à l’avenir, qu’adviendra le district lorsque les liens de proximité seront remplacés par des réseaux télématiques ? Pourra-t-on concilier mondialisation, compétitivité, commerce électronique, avec des entités socioculturelles localisées fondées sur l’intégration sociale ? Le district saura-t-il s’ouvrir à l’univers virtuel et devenir un noeud essentiel des réseaux mondiaux ? L’auteur, en conclusion, esquisse plusieurs scénarios.
Les districts italiens. Un modèle de développement local exemplaire
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 256, sept. 2000