Avec Internet et l’essor des technologies de l’information et de la communication (TIC) est apparu, surtout aux États-Unis, le concept de » Net-économie » et celui, plus général, de » nouvelle économie « , ses propagandistes laissant ainsi entendre que nous serions entrés dans une nouvelle ère marquée par un paradigme technico-économique foncièrement différent de celui d’hier.
Frédéric Teulon s’attache d’abord à montrer ce que recouvre ce concept de » nouvelle économie » et ce qui a pu fonder l’idée que l’essor des TIC, comme celui des chemins de fer au XIXe siècle, celui de l’électricité et de l’automobile au XXe siècle, marquait le début d’une nouvelle ère ; en quoi, incidemment, celui-ci pouvait donner à penser que nous étions à l’aube d’un » nouveau Kondratiev ascendant « . Il souligne à cet égard les progrès accomplis, certes avec un temps de latence qui explique le paradoxe de Solow – selon lequel on voit des ordinateurs partout sauf dans les statistiques de productivité – et résulte de la restructuration profonde du système productif américain.
Mais, si l’innovation technologique est évidente et si l’information constitue en effet aujourd’hui le facteur principal de la richesse, cela ne rend pas caduques pour autant les lois économiques d’hier. Frédéric Teulon, au travers de différents exemples, montre que celles-ci demeurent au contraire tout à fait actuelles : les TIC ne sonnent pas le glas de la grande entreprise, de l’économie marchande (vs l’économie de la gratuité), de la concentration, du risque inflationniste…
Ne nous laissons pas leurrer par l’envolée du Nasdaq qui, du reste, a perdu 50 % de sa valeur depuis mars 2000… Les faillites de start-ups vont se multiplier… Tout cela est normal : la nouvelle économie fonctionne comme l’ancienne ; si le progrès technique a favorisé la croissance, la problématique du développement reste autrement plus complexe que ne le laissent entendre ceux qui s’attachent à en fournir une explication univoque. Les politiques économiques, fiscales, monétaires notamment restent tout aussi déterminantes.
Réflexions sur la nouvelle économie
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 262, mars 2001