Récurrente est la question de savoir s’il peut exister d’autres modèles de développement que celui incarné par les pays les plus développés d’Occident, si l’accès à la modernité exige inéluctablement l’abandon des cultures locales au profit d’un alignement sur les valeurs occidentales. En d’autres termes, s’il peut exister, entre tradition et modernité, des compromis différents suivant les aires culturelles.
Cette question est souvent posée au sujet des stratégies générales de développement ; elle se pose aussi, avec une acuité croissante, dans les entreprises dont on a trop souvent tendance à penser que les performances globales dépendent de l’adoption de » bonnes pratiques » de management à caractère universel, appliquées sans égard pour les cultures locales.
Philippe d’Iribarne montre ici tout le contraire : s’il reconnaît qu’il existe de bonnes pratiques de management à caractère universel, il montre combien leur mise en oeuvre peut différer d’un pays à l’autre, en fonction des particularités locales.
Sa démonstration, loin de relever d’un discours incantatoire, s’appuie sur une enquête de terrain menée dans quatre entreprises : une entreprise agroalimentaire mexicaine, une entreprise marocaine de composants électroniques, une entreprise pétrochimique d’Argentine et une entreprise publique de distribution d’électricité au Cameroun.
Montrant à chaque fois quelle équation originale les entreprises ont pu trouver pour concilier le global et le local, articuler l’économique et le social, l’auteur en tire un certain nombre d’enseignements particulièrement éclairants à l’heure où, du fait de la mondialisation, les grands groupes multinationaux sont amenés à s’implanter dans des pays de cultures fort différentes.
Management des entreprises et diversité culturelle. Entre tradition et modernité : une équation subtile dans les pays en développement
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 295, mars 2004