Ayant fait de la reprise économique et de l’emploi ses objectifs prioritaires, le gouvernement français, par la voix de son ministre de l’Économie de l’époque, Nicolas Sarkozy, a chargé Michel Camdessus (ancien directeur du Fonds monétaire international et gouverneur honoraire de la Banque de France), en mai 2004, de la réalisation d’un rapport sur les perspectives économiques et financières de la France, et les orientations stratégiques qui en découlent. Entre autres, ce rapport devait aussi » apporter un premier éclairage sur les obstacles de nature plus structurelle qui entravent le dynamisme » de l’économie française.
Ce rapport, réalisé sous le pilotage de M. Camdessus avec la contribution d’une vingtaine d’experts de tous horizons, a été remis le 19 octobre 2004. Intitulé Le Sursaut, il adopte un ton très alarmiste quant aux perspectives d’avenir de l’économie française : risques de décrochage, déficit de travail, endettement croissant…, le pays serait » dans une spirale infernale « . Il faudrait donc agir vite pour éviter à la France de toucher le fond. À cet effet, le rapport propose un certain nombre de pistes d’action prioritaires consistant notamment à assouplir le marché du travail, développer les services, soutenir l’éducation et la recherche, etc.
Le ton très pessimiste de ce rapport et son orientation jugée très libérale ont suscité le débat en France, certains craignant qu’il ne devienne la » bible » du gouvernement en place. Futuribles propose dans ce forum les points de vue divergents de deux économistes sur le rapport Camdessus : celui de Michel Drancourt, qui y voit un diagnostic » lucide » sur l’état de la France, et celui de Gilles Cazes, pour qui la » potion » proposée est à » oublier sans modération « .
Débat autour des risques de déclin français : le rapport Camdessus
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 305, fév. 2005