La présence d’une mafia toute puissante en Italie ne constitue pas un simple problème régional. La question qu’elle implique est en effet beaucoup plus vaste : les sociétés modernes sont-elles capables d’établir ou de rétablir un état de droit démocratique dans un territoire occupé militairement par une organisation criminelle bénéficiant d’un certain consensus social et d’une culture qui la rendent normale, voire légitime ?
Cette interrogation est complexifiée par une nouvelle incertitude, celle de l’impact d’Internet. Qui, des réseaux criminels ou de ceux qui les combattent, saura le mieux s’en servir ? Cette question ne concerne pas que le Mezzogiorno italien, mais aussi des régions telles que la Corse ou le Pays basque. Et comme la corruption est de plus en plus visible partout, y compris dans la vieille Europe démocratique, ce problème concerne en réalité de plus en plus de personnes.
Le cas de la Mafia italienne est plus particulièrement présenté ici par André-Yves Portnoff. Les mafiosi qui contrôlent impunément la société et l’économie siciliennes doivent faire face à des contestations de plus en plus organisées de leur pouvoir insidieux. Cet essor, au sein de la société civile italienne, d’une résistance à l’occupant mafieux, animée par des enseignants, des jeunes et des entrepreneurs, introduit une nouvelle donne par son ampleur sans précédent, explique l’auteur. Si le nouveau pouvoir politique traduit dans les faits ses déclarations d’intention, la conjonction du mouvement civique et de l’action de l’État pourraient aboutir à l’éradication d’un » cancer » plus que centenaire.
La Mafia italienne : persistances et résistance
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 326, jan. 2007