Le secteur agricole a connu une vaste révolution dans la seconde partie du XXe siècle, marquée par un changement radical dans les techniques de production qui a engendré une hausse spectaculaire de la productivité et, in fine, des volumes produits dans le monde. Mais cette « révolution verte » a eu ses laissés-pour-compte, à commencer par les paysans du Sud qui ne pouvaient s’aligner sur ce nouveau mode de production, et plus généralement les habitants des régions pauvres qui continuent de souffrir de la faim.
Plus récemment, la situation agricole mondiale s’est nettement modifiée sous l’effet de la forte augmentation des prix des matières premières agricoles (liée à une baisse des stocks, conjuguée à une hausse de la demande alimentaire et une concurrence nouvelle, celle des agrocarburants). Dans un tel contexte, il devient indispensable, selon Marc Dufumier, de repenser l’agronomie et les échanges internationaux, afin de parvenir à concilier la sécurité alimentaire de tous et le développement durable.
Après une présentation de la situation alimentaire et écologique actuelle, cet article montre les défis qui se posent à l’agriculture mondiale (demande croissante, sols appauvris, biodiversité en baisse?), laissant deux voies possibles : l’extension des surfaces cultivées ou – préférable – l’intensification de la production à l’hectare. Marc Dufumier souligne ensuite combien il est désormais indispensable que les chercheurs en agronomie travaillent en bonne intelligence avec les agriculteurs, qui sont les premiers concernés par le bon fonctionnement de l’agro-écosystème. Mais, conclut-il, compte tenu des disparités Nord / Sud dans le secteur, on ne pourra résoudre l’équation agroalimentaire mondiale sans une réforme substantielle des règles du marché agricole mondial.
Sécurité alimentaire et développement durable. Repenser l'agronomie et les échanges internationaux
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 352, mai 2009