Si le mot « performance » et ses corrélats, résultats, efficacité, efficience, sont aujourd’hui familiers aux personnels d’encadrement de l’éducation en France, ils restent encore difficiles à accepter par les enseignants. Pour beaucoup d’entre eux, ces notions sont synonymes d’une vision comptable de l’éducation qui heurte profondément leur sensibilité. Tout se passe donc comme si l’on assistait à un divorce entre les valeurs portées par les cadres de l’Éducation nationale et celles qui ont cours sur le terrain. Au-delà d’une simple question de sémantique, n’est-ce pas le révélateur d’une difficulté à faire émerger une « éthique du résultat » dans un système qui reste profondément attaché aux valeurs traditionnelles qui ont fait l’École à la française ?
Jean Étienne examine ici les intérêts et limites d’une culture de la performance dans le domaine de l’éducation, dans le contexte spécifique du service public de l’enseignement « à la française ». Il montre qu’il est possible aujourd’hui de concilier performance et éthique éducative, sous réserve notamment de ne pas se contenter d’objectifs quantitatifs (aux effets parfois pervers) et d’introduire des éléments d’évaluation qualitative, plus en adéquation avec les valeurs du monde enseignant.