Nul ne doute – pensons-nous – de la nécessité évidente depuis longtemps d’une profonde réforme du système de retraite français, ne fût-ce qu’en raison du processus inéluctable de vieillissement démographique appréhendé à l’aune de la proportion croissante du nombre de personnes dites « âgées » dans la population totale, a fortiori du déséquilibre entre le nombre d’années de travail pendant lesquelles les Français payent des cotisations et celui des années pendant lesquelles ils vivent principalement de revenus de transfert. Et la réforme qui, en l’occurrence, s’impose ne saurait consister à opérer quelques ajustements paramétriques; elle implique une refonte complète du système.
Jacques Bichot a, sans doute, été le premier à proposer une telle refonte radicale du système de retraite français consistant d’abord à mettre fin à la diversité (« absurde, injuste et inefficace ») des régimes en les unifiant, ensuite à instaurer un régime unique de retraite par points (plutôt que reposant sur des annuités). Son objectif ainsi est double : rendre les acteurs libres et responsables de leur pension, tout en incitant chacun à l’indispensable effort de solidarité nationale.
Mais l’auteur reconnaît qu’une réforme aussi radicale, dans les conditions actuelles, ne saurait être mise en oeuvre du jour au lendemain. Il s’en explique en montrant combien une telle opération menée en Suède, alors que les conditions y étaient beaucoup plus favorables, s’est révélée longue et difficile. Que peut donc faire la France en 2010 pour ne pas esquiver le problème et au moins s’engager sur la voie du « big-bang » qui s’impose ?
Jacques Bichot décrit ici les mesures qu’il estime indispensables d’adopter dès maintenant pour introduire dans le régime général un
mécanisme propre à assurer l’équilibre financier des régimes et permettre aux Français de bénéficier d’une retraite à la carte avec neutralité actuarielle. Cet article montre ainsi quelles seraient les premières étapes à engager pour véritablement amorcer la réforme.
Amorcer la réforme des retraites
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 363, mai 2010