On connaît l’inquiétude que suscitent les émissions de gaz à effet de serre qui pourraient entraîner un réchauffement de la planète lourd de conséquences à long terme. Malgré les incertitudes scientifiques qui subsistent sur ce phénomène, une convention internationale a été adoptée à la conférence de Rio (1992) en vue de la stabilisation de ces émissions à un niveau tel que le développement économique puisse se poursuivre de manière durable sans pour autant entraîner de perturbation anthropique dangereuse du système climatique. Une « conférence des parties » a été établie pour définir comment parvenir à cet objectif sans créer de distorsions inacceptables entre des pays dont le volume d’émissions (souvent en rapport avec leur niveau de développement) et le niveau d’exposition aux risques sont très inégaux : les États-Unis produisent beaucoup de GES mais sont moins exposés que le Bangladesh.
Plusieurs instruments ont été envisagés (la fixation d’objectifs quantifiés de réduction, l’octroi de permis négociables, l’établissement d’une écotaxe…). Mais toutes les mesures examinées comportent pour chaque partie des avantages et des coûts différents et la négociation est par conséquent très difficile particulièrement entre les États-Unis, l’Europe et les pays en développement. En outre, les engagements contractés pourraient avoir des effets secondaires importants comme, par exemple, de rendre irréversible l’option nucléaire française.
Olivier Godard, après avoir rappelé les objectifs poursuivis et exposé les différentes propositions des parties, souligne les enjeux de la conférence de Kyoto de décembre 1997. Il montre en particulier comment les acteurs, se réclamant de diverses « communautés épistémiques » rivales, pourraient parvenir à négocier. Au-delà du cas particulier des négociations sur l’effet de serre, cet article fournit un éclairage intéressant sur le problème de la « gouvernance » à l’échelle planétaire des enjeux globaux.